Envie de surfer

J’aime beaucoup cette image, de l’artiste Mehmet Geren. Je suis même jalouse de ne pas en avoir eu l’idée moi-même !

Je suis dans mon sixième mois de grossesse et j’ai moins envie de fraises que d’aller surfer.

Oui, je sais, vous vous dites : « Bah, certaines le font, fais-le ! ». Je sais… certaines le font. Moi aussi je l’ai vu sur Instagram. Mais Instagram est peuplé de femmes qui ne sont pas moi. Par exemple, de femmes qui surfent à 6 mois de grossesse, avec le ventre rond, la jambe élancée, et le cheveu même pas mouillé. Outre le fait que ma grossesse s’est pointée avec la fin de la saison, à n’en pas douter ces instagirls savaient, avant même de tomber enceinte, bien mieux surfer que moi ! Moi, quand je surfe, je fais encore d’extraordinaires chutes et autres cabrioles incontrôlées sous l’eau. Ça ne me déplaît pas vraiment, d’ailleurs. Ça fait partie du plaisir ! Tout le paradoxe est que je ressens même une certaine fierté à me faire parfois ridiculiser par l’océan furieux. Face aux vagues, je me sens tellement courageuse et téméraire ! Vivante. Alors, tant que surfer n’engageait que mes organes et ma dignité, non, me faire gifler par les vagues et revenir les cheveux emmêlés et la combi pleine d’algues ne me dérangeait pas.

Mais maintenant que j’abrite un petit être, que je le sens bouger et lui cherche un prénom… c’est différent. Je me sens responsable de sa vie naissante, voyez-vous. Et faire la toupie frénétique dans l’eau froide et polluée m’a fortement été déconseillé. Et puis, pour être honnête, c’est surtout ma tête qui a envie de surfer. Mon corps, lui, préfère qu’on le laisse un peu tranquille. Contrairement à moi, le surf sur les spots enneigés ne le fait pas rêver. Nous ne sommes pas vraiment d’accord mon corps et moi en ce moment. Lui, préfère les bains chauds dans la petite baignoire. Il m’entrave !

Je n’ai pas souvenir d’avoir ressenti ça lors de ma première grossesse, que j’ai vécu comme un moment de plénitude absolue. Je n’étais pas en lutte avec mes transformations physiques. Je les accueillais avec bienveillance et curiosité. J’étais moins fatiguée, aussi. Aujourd’hui, je me sens encombrée, éreintée, maladroite, grosse (pourtant je n’ai pas pris plus de poids que la dernière fois). Mais cette fois, j’avais vraiment des habitudes sportives avant d’attendre ce bébé, et elles étaient devenues très importantes pour mon équilibre et mon moral. Avec l’hiver interminable, le travail, l’aîné qui est encore petit, le manque de temps, de sommeil et d’énergie, le manque de fer aussi, et ma tension à 9.3… je ne fais presque plus rien. Enfin, plus rien de sportif. À part un cours de pilates tellement doux que je m’y endors presque, et que j’ai plus l’impression de faire de la relaxation que de l’exercice. Ma sage-femme pense que c’est parfait, que j’ai besoin de repos… OK.

Cependant, hier, j’ai choisi d’aller chez le dentiste à vélo électrique. 40 minutes de vélo, assistée par un moteur électrique, certes, mais en pédalant quand même. Et après le mako-moulage de ma mâchoire inférieure, je suis rentrée. Au beau milieu d’une belle côte comme Biarritz en a le secret, la batterie du vélo a lâché et avec elle, j’ai lâché quelques jurons. Un vélo électrique sans assistance électrique, c’est lourd à déplacer en plus de mon gros ventre. Je suis revenue épuisée. En colère contre le vélo électrique sans électricité et les moteurs diesel qui m’avaient empestée.

Pourtant, le soir, j’étais de super bonne humeur, et la nuit, j’ai drôlement mieux dormi.

Alors ? Finalement, peut-être que c’était bien de me « dépasser » en faisant de l’exercice un peu forcé, non ?

Peut-être. Mais le surf, avec le gros ventre boudiné dans une combi et écrasé sur une planche, avec l’eau froide et toute polluée, avec les chutes et le changement du centre de gravité… on me souffle en vent on-shore que ça reste une mauvaise idée.

M’en fous, bientôt c’est la saison des fraises.

 

 

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