Réservoirs affectifs

 

 

J’ai fait cette page pour le magazine PEPS de janvier 2016 et l’ai juste un peu modifiée (titre et dernière case), pour la publier ici en 2018.

 

 

 

Si vous êtes parents vous devez déjà avoir entendu le terme « parentalité positive ». Peut-être même que vous l’avez trop entendu et qu’il vous agace. Peut-être que vous êtes de ceux qui pensent que l’expression « parentalité bienveillante » n’a été inventée que par pure malveillance envers les parents : POUR LES FAIRE CULPABILISER ET LEUR FAIRE PERDRE LE SOMMEIL À TOUT JAMAIS.

Mais, pourquoi culpabiliser ? Vous croyez vraiment être un parent « négatif » et « malveillant » ? Si vous culpabilisez, c’est sans doute que vous avez l’impression de ne pas faire assez bien, de crier trop, de ne pas être assez ceci, et trop cela… Peut-être que vous vous énervez souvent, que vous haussez le ton ? Peut-être même que vous donnez des punitions ? Des fessées ???

Je crois que si vous avez lu des articles qui vous font culpabiliser, c’est que quelque part, ils vous touchent. Je crois aussi que s’ils vous font culpabiliser, c’est qu’ils vous laissent démunis. Enfin, je crois qu’il s’agit de mauvais articles. Ou que, calibrés pour internet, ou pour les pages d’une revue, ils sont trop courts pour vous faire comprendre ce qui est selon moi l’essentiel : pour être bienveillants avec nos enfants il faut commencer par l’être envers nous-même ! Nous avons nos limites, notre stress, nos blessures, notre histoire… Nous avons cette déclaration de TVA à faire tous les mois, cette belle-mère envahissante, ce père absent, ou ce collègue insupportable avec qui il faut rester poli… Ce n’est qu’en recevant de l’empathie que l’on peut en donner. Si on s’en donnait déjà un peu nous-même ? Être parfait, c’est impossible ! Nous sommes vivants, quoi, bordel de merde de chiotte ! (c’est malin, j’ai encore dit des gros mots, j’espère qu’il n’y a pas d’enfant dans la salle).

Moi, j’ai beaucoup aimé lire certains bouquins sur la parentalité bienveillante-positive-empathique-non-violente-et-tout-le-tralala. Parce que même si je n’avais pas du tout le réflexe de taper ou de punir, j’en avais d’autre pas terribles non plus, et je ne savais pas comment réagir à certaines situations. J’étais parfois épuisée, hors de moi, et finalement dans un état peut-être plus pénible pour moi que pour mon petit ! (bon, c’est encore parfois le cas). Sans doute ai-je eu de la chance avec le choix de mes lectures. Elles ne m’ont pas fait culpabiliser, mais comprendre et avancer. Elles m’ont soulagée, et surtout aidée (et pourtant, je suis encore looooooin d’être parfaite).

Mais c’est pour cette raison que lorsqu’une rédactrice en chef m’a proposé de faire des pages pour un magazine de « parentalité positive », j’ai tout de suite été intéressée !

L’expérience a été intéressante, c’est vrai. Cependant, elle n’a pas été toujours très facile pour moi. On ne pouvait pas bien me payer, me donnait des thèmes très vagues, me demandait plusieurs esquisses, des corrections, me gardait au téléphone de longs moments quand je n’avais pas le temps, me demandait de financer moi-même mes déplacements et mon logement pour venir à des réunions à l’autre bout de la France… La bienveillance c’est parfois compliqué ! Je culpabilisais de mettre mes limites, de ne visiblement pas être plus impliquée dans ce projet de société si beau : rendre le monde meilleur, étendre la bonté, œuvrer à la paix future ! Alors j’ai fait ce que j’ai pu, mais quand j’ai vu que je ne m’amusais plus à faire mes pages, j’ai arrêté. Dommage. Avec la BD c’est comme avec les bébés, bordel de merde de chiotte, on ne peut pas être parfaits !

 

 

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