Choisis-toi un vrai métier

Moi enfant, en train de faire ce que je fais encore : dessiner, raconter, et faire la rigolote.

Choisis-toi un vrai métier

J’ai commencé à dessiner avant de savoir écrire, et puis, dessins et textes se sont mêlés.
Très tôt, j’ai fait de la BD !

Il me semble que tous les êtres humains ont un jour dessiné et raconté des histoires. Comme ils se sont tous un jour essayé à marcher, parler, compter, lire, tirer au ballon… ils ont aussi tenté de chanter, danser, jouer la comédie, faire du tambourin, des scoubidous, du macramé…

La culture est-elle inhérente à la nature humaine ? (Alerte, sujet de philo !)

Qu’est-ce qui fait qu’on arrête ses expérimentations créatives une fois adulte ? Parfois, on se concentre sur d’autres centres d’intérêts, tout aussi passionnants. D’autres fois, on continue en dilettante, pour son plaisir. D’autres fois encore, on continue plus intensément et on vous suggère que ça suffit maintenant, trouve-toi un « vrai » métier.

Est-ce parce qu’ils ont un lien avec l’enfance que les métiers artistiques sont un peu considérés comme n’étant pas de « vrais métiers » ? On imagine qu’en prolongeant son art, c’est son enfance que l’artiste prolonge. Qu’il joue, donc qu’il ne travaille pas. Au fond, peut-être pense-t-on que s’il a a trop de joie à travailler, il ne mérite pas vraiment d’être payé ? Il est encore un peu enfant, c’est à dire irresponsable, (tu sais, « c’est un artiste… »), être artiste est son caprice de gros bébé et c’est donc normal qu’on le punisse un peu. Ah ben oui, qu’est-ce que tu voudrais ? Faire l’artiste ET manger bio ?

Tout d’abord, je ne crois pas aux caprices des enfants, qui sont bien plus souvent dans le vrai que les adultes. Ils apprennent plus vite et mieux, et ils savent ce qui est le plus important entre stress d’être en retard à l’école, et joie d’observer encore un peu les gouttes de pluie dans une flaque. YOLO.
Ensuite, qu’entend-on par « vrai » métier ? Pour moi qui dessine et raconte des histoires depuis petite, c’est quand je fais de la BD que je me sens « vraie » !
Je vois bien qu’il existe des métiers concrètement plus utiles : sage-femme, infirmier, agricultrice, nounou, auxiliaire de vie, pompier… Je vois aussi que je serais médiocre (voire dangereuse) à tenter de les exercer.
D’ailleurs, si trouver un « vrai » métier sous-entend un métier qui fasse gagner de l’argent, je ne peux que constater que ces professions ont souvent une rémunération encore un peu ingrate, au regard des services qu’elles rendent à la société.
En revanche, je vois que certaines activités très rémunératrices ont une utilité bien discutable. Ou inexistante. Voire pire.
Pourtant, il me semble qu’on dit rarement à quelqu’un qui gagne plein de pognon « Choisis-toi un vrai métier ».
Un financier qui spécule avec des produits dérivés par exemple, a-t-il un métier plus « vrai » qu’un auteur de BD ?

Enfin, il me semble que même après avoir cessé les expérimentations créatives de l’enfance, tout un chacun continue à avoir besoin d’art, d’histoires, de musique, d’humour, d’images…
J’imagine que même les traders écoutent de la musique, apprécient un tableau, ou regardent des séries… Vous ne pensez pas ?

En revanche, les artistes eux, se passeraient très bien qu’on spécule sur les produits dérivés.

Donc, Madame la société, à qui devrait-on suggérer d’aller se choisir un « vrai » métier ?

6 comments

  •  » si trouver un « vrai » métier sous-entend un métier qui fasse gagner de l’argent « , à qui en fait-il gagner? aux travailleurs, certes, mais avant tout au système, et c’est cette rentabilité qui définit un « vrai » travail aux yeux de la société. Parce que plus il est rentable, plus le salaire sera élevé.

    Triste monde, mais continuez à rêver, à dessiner, à faire ce qui vous plait!

  • Très souvent il y a cette idée que ce n’est pas un « vrai » métier du c’est un métier qu’on aime. Indépendamment du secteur artistique au sens large.

    Travailler (= je vis de ce métier) comme écologue dans une association de protection de l’environnement, bien que nécessitant une base « sérieuse » (scientifique), me fait autant passer pour un hippie aux yeux du plus grand nombre que quand les années ou j’étais photographe (autre métier dont il n’est pas sérieux d’en vivre, voyons !).

    • C’est intéressant ce que tu dis. C’est comme si dès que notre activité avait du sens pour nous, elle en devenait forcément une activité d’idéaliste qui n’a pas besoin de gagner de quoi se nourrir !

  • Ha ça… le « fais un vrai métier avant », ça a marché pour moi… j’ai rêvé successivement d’être danseuse pro, puis chanteuse d’opéra, puis dessinatrice… mais j’ai suivi les directives bien sagement.

    Le résultat : 8 ans d’études post-bac, un boulot sérieux…

    Heureusement, je continue à dessiner, danser (mais je ne chante plus que sous la douche)… très franchement, je ne suis pas plus respectée par la société, plutôt moins (si ma recherche n’est pas rentable à échéance de 5 ans, elle n’est pas intéressante, même pour l’Etat, et ça fait même pas joli, et y’a pas de produits dérivés) qu’un.e artiste…
    Courage, Lucille !

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